Un bain de Printemps
Derrière les rochers d’Izola, on découvre une mer azur. La petite aube tiède de mai me fait oublier que l’Adriatique est encore glacée au printemps. Mon corps s’y trempe et revit dans l’eau gelé. Viennent alors les rayons d’un soleil réconfortant. Sur les plages de Slovénie, tous les matins de printemps ont l’air d’être les premiers du monde. Tous les soirs d’été de n’avoir point de fin. J’étais heureux.
Tourisme
Une liste d’attractions cochée avec zèle, c’est une conception trop répandue du tourisme. Il y en a des touristes pour confondre tourisme avec tout voir. Aller de ville en ville, en courant, c’est refuser obstinément de passer de bons moments et la pire des façons de découvrir la Slovénie et les Slovènes. D’autres voudront réunir deux desseins incompatibles : la joie fugace du moment présent et son partage immédiat sur Instagram où il faudra raconter, épater, exposer, embellir…
Cap de partir
Izola, Piran et Koper … Tous les caps de la côte slovène ressemblent à de majestueux esquifs en partance pour Venise. Ces vaisseaux de tuiles et d’ocre restent immobiles comme s’ils se préparaient clandestinement à un départ imminent. Avec eux, c’est la Slovénie tout entière qui semble être en partance pour l’Italie. Chaque jour, au soleil levant, un frémissement d’aventures transalpines parcourt les trois pointes mais elles restent là, accrochées à la Slovénie. Un matin, elles suivront le sillage blanc du ferry et partiront pour Venise. Je grimperai alors à bord.
Premier jour
Le printemps à Paris : un rayon de soleil qui pénètre dans le bureau d’une tour trop grande ou dans un appartement trop petit. À Ljubljana, le changement est violent. Ce n’est pas un rayon de soleil. C’est mille rayons de soleil qui, un matin, illuminent une capitale assoupie par l’hiver. Ce qui réjouit, ce n’est pas cette subtile chaleur qui traverse enfin les vêtements, mais l’afflux de mille passants vers les terrasses des cafés. Elles subissent enfin l’assaut attendu. Une seule heure de ce soleil de printemps suffit pour que Ljubljana, la petite provinciale hivernale redevienne grande capitale estivale.
Les nuits de Piran
Les nuits claires, la lune fait les maisons de Piran blanches. Nuits de bonheur sans mesure sous des étoiles qui à Paris ne se montrent jamais aux passants qui déambulent sur les grands boulevards. Ce qu’on presse contre soi, est-ce la douceur de vivre slovène ou une nuit de vacances ?
Les nuits d’orage, le tonnerre brise le précieux silence des vacances. Les éclairs pourchassent les pics, galopent le long des toits de tuiles et mettent cruellement dans la lumière une vie à Paris triste.
Journée d’été à Piran
A Piran, un jour de canicule, votre monde se resserre et se limite à ce bonheur d’avoir chaud. Ce cap calme capture les vacanciers pour la journée ou quelques jours. La fraîcheur des ruelles toutes proches vous appelle. Plus tard, la puissante lumière du quai vous attire à nouveau. Quelques heures après, le frais des ruelles vous rappelle, puis la chaleur douce de votre serviette qui, au bord de l’eau, se languit de vous. A Piran, tous les estivants aimeraient que ce cycle chaud-froid de leur journée hors du temps n’ait point de fin…