La France a laissé plusieurs traces en Slovénie, elle y a même un roi qui y est enterré, Charles X. La Slovénie a aussi été administrée par la France de 1809 à 1814 sous Napoléon et des traces sont encore visibles à Ljubljana. Des français se sont retrouvés dans un camp de concentration situé en pleine montagne, les grands constructeurs automobiles français sont venus travailler ici…
Découvrez tout ce qui se qui relie l’histoire de France à celle de la Slovénie
Un roi de France enterré en Slovénie, Charles X.

Explication : Vous connaissez certainement ce tableau la liberté guidant le peuple. Il est directement relié à l’enterrement du roi Charles X en Slovénie et à une tombe que vous pouvez encore voir aujourd’hui.

Le tableau représente la révolution des Trois Glorieuses en juillet 1830. Pendant trois jours, le peuple de Paris s’est soulevé contre le roi Charles X, qui tentait de revenir à une monarchie autoritaire. Il doit alors abdiquer et quitter la France.
Pour en savoir plus : Ecoutez Stéphane Berne raconter la vie de Charles X.
Il s’exile d’abord en Angleterre, puis, en 1836, il s’installe à Gorizia, une petite ville paisible… qui se trouve aujourd’hui en Slovénie (Nova Gorica), à la frontière avec l’Italie.
Charles X meurt du choléra le 6 novembre 1836 à Gorizia, l’année de son arrivée.


Il est aujourd’hui enterré dans le monastère franciscain de Kostanjevica, sur les hauteurs de Nova Gorica.
A voir absolument : Cette vidéo de Stéphane Berne à Kostanjevica.
Cet endroit en Slovénie est parfois appelé « le Saint-Denis des Bourbons en exil ».
A savoir : Sur place, rien de très impressionnant et à l’exception des passionnés d’histoire, je ne recommande pas de faire un détour pour voir la tombe de Charles X.

L’église et le couvent de Kostanjevica juste à côté
- L’église du monastère a été construite au XVIIIe siècle dans un style baroque sobre.
- Les Franciscains ont tenu ici une bibliothèque exceptionnelle avec plus de 10 000 volumes anciens, dont certains très rares.
- La bibliothèque a survécu aux guerres mais a dû être reconstruite après les dommages des années 1924-1929.
A voir : Monastère de Kostanjevica – Nova Gorica, Slovénie
Attention aux horaires : Cet endroit ferme tôt. Vers 16h en général.
Un monument Napoléon en plein Ljubljana

La colonne Napoléon de 13 m de haut est un hommage étonnant à Napoléon Bonaparte plantée au coeur de Ljubljana. Elle a été érigée en 1929 sur la place de la Révolution française (Trg francoske revolucije) et commémore la création des Provinces illyriennes par Napoléon en 1809, une période durant laquelle Ljubljana devint la capitale de ces provinces.

Cette courte période marqua une avancée significative pour la culture slovène, notamment par l’introduction de la langue slovène dans l’enseignement supérieur et dans le code civil, ce qui explique aujourd’hui la présence de cette colonne à la gloire de Napoléon.

Sur cette colonne,vous verrez deux reliefs en bronze doré : l’un représentant Napoléon, l’autre une figure féminine symbolisant l’Illyrie.

En français, sous ces portraits, vous lirez même un texte en français. Le voici :
« Sous cette pierre / nous avons déposé /tes cendres /soldat sans nom /de l’armée /napoléonienne/ pour que tu /reposes /au milieu de nous /toi qui en allant /à la bataille /pour la gloire /de ton empereur /es tombé /pour notre / liberté«
Localisation : La colonne est située sur la place de la révolution française, juste à côté de ma galerie préférée à Ljubljana.

Juste à côté de la colonne, vous trouverez un café qui s’appelle « Le petit café » et qui se présente comme un vieux café français. C’est une institution que tout le monde connait ici. Les Slovènes aiment s’y montrer le samedi matin pour un café en terrasse (un endroit agréable). Vous pouvez vous joindre à eux si ça vous tente. Terrasse ensoleillée très agréable le matin au printemps ou l’automne.
Un autre pays fan de 4l

La Renault 4 est affectueusement surnommée Katrca en Slovénie et comme en France, la 4L est bien plus qu’une simple voiture. En effet, pour les Slovènes aussi, elle incarne une époque, un mode de vie et une part essentielle du patrimoine industriel national.

Aujourd’hui, la Katrca suscite une vive nostalgie, même pour l’ancien président slovène qui s’affiche fièrement avec sa 4l sur la photo que vous avez vue ci-dessus. On les trouve à vendre d’occasion.

Production slovène : Elle a été produite entre 1973 et 1992 à l’usine IMV de Novo mesto, puis par Revoz. Fabriquée à plus de 575 000 exemplaires ! Son design simple, sa robustesse et sa polyvalence l’ont rendue populaire tant en milieu urbain que rural. Elle était parfaite pour les petites routes slovènes.


Regardez sur les photos ce manuel trouvé au marché des antiquaires, ici, on ne s’embête pas avec les lettres qui ne servent à rien. Renault s’écrit donc RENO.

De son côté, Citroën travaillait avec Tomos sur la côté slovène pour assembler des 2 CV à partir de 1959 pour le marché yougoslave. Citroën + Tomos a donné lieu à la création de Cimos. Importer des voitures complètes et terminées n’étaient pas autorisée à l’époque yougoslave. Découvrez toute l’histoire sur cette page wikipedia bien renseignée.
Les Français au camp de Ljubelj : une histoire méconnue


L’histoire du camp
À trente kilomètres de Ljubljana, au magnifique col du Ljubelj (Loibl en allemand), se cachait un camp de travail. Entre 1943 et 1945, les nazis y établirent deux sous-camps du camp de concentration de Mauthausen pour fournir la main-d’œuvre afin de percer le tunnel routier du Loibl (Ljublej), vital pour les communications militaires entre la Carinthie et la vallée de la Save. Chaque camp devait creuser sa partie du tunnel.

Les SS surveillaient des centaines de déportés réduits au travail forcé. Six miradors entouraient le camp slovène, où un crématoire de fortune fut installé pour effacer les traces des morts.
Des français condamnés à travailler dans des conditions atroces


Ci-dessus, des photos du col et du camp que j’ai prises pendant une tempête de neige très ventée, de quoi se rendre un peu compte des conditions de vie.
Parmi ces forçats se trouvaient des prisonniers Français, arrêtés comme résistants ou déportés après des condamnations politiques. Passés d’abord par le camp Mauthausen, ils furent transférés à Ljubelj pour creuser la montagne dans des conditions épouvantables : faim, froid, coups, maladies.
Visiter le camp de Ljublej aujourd’hui
Un petit mémorial se dresse près de l’ancien site et on peut se promener dans les ruines du camp. C’est aussi le point de départ d’une très belle randonnée qui vous mènera au petit refuge de Preval en deux heures. Je vous recommande vivement de coupler la visite du camp et cette randonnée.
En savoir plus sur la présence française à Ljubljana

Entre octobre 1809 et 1813, Ljubljana devint la capitale des Provinces illyriennes, ce qui la propulsa, pour quatre brèves années, au cœur d’un dispositif impérial qui avait à coeur de démontrer la modernité administrative française.

Voici ci-dessus le premier gouverneur général, le maréchal Auguste de Marmont qui s’installa à Ljubljana pour faire appliquer les « lois françaises », une volonté d’alignement juridique — perçue localement comme une rupture. Il a un pouvoir important, selon ses mots « un vice-roi dont le pouvoir n’a pas de bornes ».

Ce statut de capitale se vit dans le quotidien urbain. L’ambiance de la ville s’est soudainement densifiée par l’afflux de fonctionnaires, de militaires, de traducteurs et d’intermédiaires. Les élus locaux se sont mis à collaborer pragmatiquement avec les nouveaux arrivants.
À Ljubljana paraît alors le Télégraphe Officiel, un journal expressément voulu pour diffuser les ordonnances, l’agenda gouvernemental et l’idéologie de l’uniformisation napoléonienne.
Le projet français passait aussi par la route avec l’idée créer un réseau qui devait « relier l’ensemble des Provinces illyriennes de Ljubljana jusqu’à Kotor au Monténegro ». Les axes de « premier rang » incarnaient une vision stratégique : capacité de mouvement des troupes, circulation du courrier, mais aussi stimulation des échanges — avec, pour Ljubljana, l’effet immédiat d’être un nœud, un hub vers toutes ces destinations.
Tout ne fut pas bien entendu pas une réussite, surtout sur une période si coute. Les études de fond sur la politique napoléonienne en Illyrie soulignent une réforme agraire restée inachevée, des résistances fiscales, des heurts d’habitudes juridiques.
Localisation de la colonne Napoléon : ici.
Des endroits emblématiques de la présence française
Pas grand chose en réalité car les Français ne sont pas restés longtemps à Ljubljana. Voici quelques lieux où se sont exercés le pouvoir et quelques traces.
La place du Congrès (Kongresni trg) : Elle prit forme après la fin de la période française, mais c’est là que s’élevait une partie du quartier administratif napoléonien, avec les bâtiments réquisitionnés pour les bureaux français.

L’institut français : Il porte aujourd’hui le nom de Charles Nodier, qui fut le bibliothécaire municipal de Ljubljana et le directeur du Télégraphe officiel.
L’Hôtel de ville : Le maire Anton Codelli exerçait sous tutelle française. Dans la salle du conseil, il recevait les ordres traduits des gouverneurs généraux et faisait afficher les nouvelles lois.
Les routes depuis Ljubljana : Elles ont été modernisées depuis mais l’axe vers Trieste et celui vers la ville croate de Karlovac suivent encore les tracés classés par les Français comme « routes de premier rang ». Rouler sur ces itinéraires, c’est emprunter les lignes que le gouverneur Marmont avait voulu uniformiser pour la circulation de l’armée et promouvoir le commerce.

La Bibliothèque nationale et universitaire (NUK) : Ce bâtiment de Plecnik date du XXe siècle, mais ses fonds conservent des exemplaires du Télégraphe Officiel, le journal imprimé à Ljubljana sous Napoléon. Un exemplaire complet ici pour voir à quoi ça ressemble.
La maison Zois (Zoisova palača) : Près de la vieille ville : demeure du mécène Žiga Zois, où furent reçus en 1812 le numismate Gaetano Cattaneo et le naturaliste Giovanni Scopoli. C’est ici que la capitale française d’Illyrie s’ouvrit aux réseaux savants européens.






